"La crise du logement est devant nous"
Pourquoi la Fédération de l'immobilier alerte sur le marché locatif
"La crise de l'immobilier est derrière nous, mais la crise du logement est devant nous", a estimé Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) mercredi 15 janvier. Il pointe notamment les nombreuses difficultés du secteur locatif et craint une année 2025 pire que les deux précédentes.
"Les années 2023 et 2024 ont été difficiles, notamment pour les étudiants, on ne peut pas se satisfaire du fait que 17% renoncent à leurs études", pointe-t-il, en référence à un sondage OpinionWay, publié en 2023, dans lequel 17% des 18-24 déclaraient avoir abandonné leurs études, à cause du prix des logements.
"Il y a urgence à agir pour le parc locatif" car les difficultés "ne retombent pas".
"Aujourd'hui, nos mandats de gestion locative sont en baisse d'au moins 30%", ce qui montre selon Loïc Cantin que "de moins en moins de Français ont pour projet d'investir dans l'immobilier locatif".
L'essor des plateformes type Airbnb
Le secteur de la location a notamment été pénalisé par la baisse des ventes sur le marché immobilier ancien. Les transactions devraient atteindre 775.000 sur l'année 2024, en chute de 11% par rapport à 2023 et de 36% par rapport au pic enregistré en 2021.
Grevé par la hausse des taux d'intérêt, le pouvoir d'achat immobilier des ménages a fortement reculé, ne leur permettant pas de libérer leur location pour acheter. Dans une réaction en chaîne, cela a contribué à assécher l'offre d'appartements ou de maisons à louer. Conséquence, l'offre locative s'est effondrée de près de tiers au cours des trois dernières années, selon les chiffres de SeLoger.
Mais Loïc Cantin y voit aussi l'effet de l'explosion des logements proposés sur les plateformes type Airbnb. "La France est le 1er marché européen de la location de courte durée", dénonce-t-il, citant notamment le chiffre d'Eurostat de +86% de nuitées en 5 ans.
François Bayrou n'a fait qu'"effleurer la question du logement"
Du côté de la location longue durée, il regrette aussi que de plus en plus de logements soient proposés meublés. "Quand on prend un appartement vide et qu'on y met les meubles de la grand-mère ou qu'on va acheter 1.500 euros de meubles chez Ikea, est ce que ça justifie de bénéficier de tels avantages fiscaux?", interroge-t-il.
Il dénonce une véritable "échappatoire" de la location vide vers le meublé. Leur part dans les locations est en effet passé de 9 à 14% en 2006 et 2021 (à Paris la part a même grimpé de 14 à 29%).
Loïc Cantin craint par ailleurs les effets de l'interdiction de louer les passoires thermiques (les logements classés G ne peuvent plus être proposés sur le marché depuis le 1er janvier). Il a notamment alerté sur le coût des travaux qui représente selon lui un obstacle à la rénovation. La Fnaim réclame enfin l'évaluation du dispositif d'encadrement des loyers, mis en place par exemple à Paris, à Lille ou récemment dans le Pays basque.
Quant au discours de politique générale du Premier ministre François Bayrou mardi, il a "effleuré la question du logement" et "ne satisfait pas" la Fnaim.