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La censure du gouvernement peut-elle faire grimper les taux immobiliers?

Publié le 03/12/2024
En cas de chute du gouvernement et d'absence de vote sur le budget, des craintes existent sur une hausse du taux auquel la France emprunte à 10 ans. Et, par extension, sur une hausse des taux des crédits immobiliers. Mais selon les spécialistes, l'impact devrait rester "limité".
 

Le secteur immobilier est soumis à des vents contraires. Les bonnes et les mauvaises nouvelles se succèdent du côté des taux. Dans la première catégorie, les barèmes des banques qui sont sortis en début de mois: elles prévoient des baisses de taux pour les crédits immobiliers.

Le courtier Pretto évoque des baisses de 0,05 à 0,10 point ce mois-ci avec des taux moyens à 3,21% sur 15 ans, à 3,31% sur 20 ans et à 3,38% sur 25 ans. De son côté, le courtier Vousfinancer enregistre des moyennes à 3,15 % sur 15 ans, 3,35 % sur 20 ans et 3,55 % sur 25 ans, avec des taux plus avantageux pour les meilleurs profils.

En un an, par rapport à décembre 2023, les taux ont baissé de près d'un point. Ce qui représente une capacité d'emprunt de 20.000 euros supplémentaires. Mais alors cette nette amélioration du pouvoir d'achat sera-t-elle de courte durée?

Au premier rang des mauvaises nouvelles, l'instabilité politique que traverse la France avec la possible censure du gouvernement. Dans ce cas, des craintes quant à la trajectoire de réduction du déficit public sont à prévoir. De quoi inverser la tendance?

"La censure pourrait mettre en pause la trajectoire de baisse des taux de crédit immobilier, la dynamique globale de baisse insufflée par la BCE s’atténuant du fait de l’accroissement de l’incertitude", pronostique le courtier Pretto.

Pas de panique

La crainte vient aussi d'une possible hausse du taux auquel la France emprunte à 10 ans (OAT 10 ans), et qui influe sur les taux des crédits immobilliers. Mais avant de paniquer, Vousfinancer rappelle que l’annonce de la dissolution en juin et les élections qui avaient suivi n’avaient finalement pas eu d’impact sur les taux des crédits immo.

Tout d'abord, selon la porte-parole du courtier, les banques se basent de moins en moins sur cet indicateur. "Elles se sont affranchi des taux d’emprunt d’État ces dernières années, c'était surtout un référentiel il y a 10 ans", assure-t-elle.

"Ce qui prime aujourd'hui, c'est la politique commerciale des banques, elles souhaitent attirer de nouveaux clients et pour cela elles sont prêtes à réduire leur marges et à absorber une hausse de l'OAT", explique Sandrine Allonier.

Ensuite, il n'est pas certain que l'OAT 10 ans grimpe ni que cette hausse soit durable. Lors de la dissolution de l'Assemblée nationale en juin, ce taux était en effet passé de 3% à 3,30%, mais non seulement il était redescendu rapidement (début août), et il n'avait pas eu d'impact sur les taux immobiliers.

Un impact limité sur les taux immobiliers

"Il n’y a pas de raison que cela soit différent cette fois-ci", estime Sandrine Allonier. Car non seulement, les banques montrent une forte volonté de prêter, mais en plus une nouvelle baisse des taux de la BCE devrait intervenir le 12 décembre. "Si les banques peuvent emprunter moins cher, elles pourront continuer à prêter", assure la spécialiste.

"Il est probable que l’impact sur les taux de crédit reste limité", juge Sandrine Allonier.

Un indice lui permet un certain optimisme: "Les banques ont envoyé leurs barèmes au mois de décembre, elles auraient pu attendre mais elles ont fait le choix de baisser à nouveau", souligne la spécialiste.

Pour autant, la censure entraînerait la chute du gouvernement mais aussi du projet de loi de finances et des dispositifs en faveur de l'immobilier tant attendus par la profession. Adieu le prêt à taux zéro dans le neuf pour les appartements et les maisons, ou l'exonération d'impôt sur les donations aux enfants ou petits enfants pour un achat immobilier dans le neuf.

 
 

"Ce manque de visibilité n’incite pas à l’investissement de long terme et pourrait enrayer la reprise qui se dessine entraînant une perte de confiance aussi bien des accédants que des investisseurs", conclut Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer. "C’est un pas en avant et deux pas en arrière…"

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